Si se mobiliser contre la loi travail est un crime, alors nous sommes tous des criminels.

Si se mobiliser contre la loi travail est un crime, alors nous sommes tous des criminels.

La criminalisation des mouvements sociaux devient la norme. Au Havre, un militant de la CGT a été condamné à six mois de prison avec sursis et 18 mois de mise à l’épreuve pour la dégradation de la permanence du Parti socialiste. À Rouen, comme ailleurs, on ne compte plus les arrestations depuis le début du mouvement : des mineurs arrêtés pour des tags, poursuites administratives et plaintes pour outrages, sanctions disciplinaires pour blocage de lycées, employeurs des manifestants appelés par la police, montages médiatiques mettant en scène la violence des manifestants contre les forces de l’ordre, appuyés par des arrestations musclées…

Mardi 7 juin, déclaré « mardi noir » par les syndicats, un des points de blocage a été évacué par la BAC et ses manifestants poursuivis après dispersion. Quatre ont été arrêtés pour « obstruction de la voie publique par engin incendiaire occasionnant mise en danger de la vie d’autrui », intitulé justifié par des feux de palettes et de pneus, la classique du blocage. Pas d’arrestation sur les autres points de blocage, comme s’il ne s’agissait pas de la même lutte.

Jeudi 2 juin, alors qu’à la fin de la manifestation, le cortège de tête n’a pas voulu s’affronter au dispositif de policiers à la gare mais voulait « continuer le mouvement », il s’est heurté à une charge de police lui barrant la route et procédant rapidement à cinq interpellations. Ces gardes à vue de plus de 24h se sont soldées par des convocations au tribunal.

Parallèlement, la pression policière s’opère au quotidien en menaçant individuellement ceux qui luttent contre la loi El-Khomri. La police menace le gérant d’un bar, où un concert de soutien doit avoir lieu, de sanctions administratives et financières, occasionnant l’annulation de l’événement ; on entend pendant les arrestations : « Je vais t’effacer ton sourire à la prochaine manif », « Vous allez dormir à Bonne Nouvelle, ça va vous faire redescendre sur terre » ; dans le cadre de la convocation de son conjoint, une jeune mère reçoit trois visites de la police en moins de vingt-quatre heures et se voit menacée d’être placée en garde-à-vue : « un enfant ça va dans d’autres bras » précise alors la policière.

Quand la police n’arrive pas à faire peur aux personnes concernées, elle parvient à créer un climat de peur grâce aux médias qui publient les photos des objets saisis, des dégradations, les récits d’incidents secondaires. Plus largement, de nombreux journaux et chaînes d’information n’auront diffusé de ce mouvement que les images chocs, les voitures brûlées, les flics assommés. Se concentrant ainsi sur les gestes, les vidant de tout sens, ils opèrent une dépolitisation totale du mouvement et participent à sa criminalisation.

En ce qui concerne les journalistes proches du mouvement, ils sont traités avec la même violence que les manifestants : il n’y a qu’à voir le nombre de journalistes empêchés de travailler, de filmer, gazés, blessés par les grenades de désencerclement.

Ne reculant devant rien la police se lance dans des opérations préventives comme ces arrestations collectives et ciblées avant la manifestation du havre le 9 juin. Quelques jours plus tard elle interdit à un jeune lycéen de se rendre à Paris pour la manifestation du 14 juin. Quelques balles de ping-pong enroulées dans du papier d’aluminium pour faire un fumigène de fortune lui avait valu une mise à l’épreuve de trois ans.

Un climat de peur, ça sert aussi à obtenir des informations. Rien qu’à Rouen, depuis le début du mouvement, au moins cinq personnes, dont un mineur, ont été approchées par des agents de la DGSI pour devenir informateurs/collaborateurs de la police. Des renseignements généraux à la violence physique, des insultes aux condamnations judiciaires, la police a sorti l’artillerie lourde. Mais rien n’y fait. Le mouvement ne cède pas à la peur.

Libération immédiate et abandon des poursuites pour tous les inculpés du mouvement.
Solidarité absolue et inconditionnelle avec tous les interpellés.

http://legalteamrouen.over-blog.com/2016/06/si-se-mobiliser-contre-la-loi-travail-est-un-crime-alors-nous-sommes-tous-des-criminels.html

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